Le 4 janvier 1960 à 13h55, c’est-à-dire il y a tout juste cinquante ans, Albert Camus disparaissait dans un accident de voiture. Dans sa sacoche se trouvaient un billet de train non utilisé et un manuscrit inachevé : Le Premier Homme. Aujourd’hui encore, ses ouvrages conservent une résonnance toute particulière.
Outre les hommages et autres documentaires télévisuels qui lui sont consacrés cette semaine, profitons de l’occasion pour relire La Chute, confession d’un homme n’ayant pas eu le courage de secourir une jeune fille qui s’est jetée dans la Seine, et chef-d’œuvre de cet immense penseur de notre temps, Prix Nobel de littérature 1957, malheureusement mis au placard par un Sartre présomptueux. Ce texte fut d'abord une réponse aux attaques du petit philosophe. Mais il transcende cet affrontement pour accéder à l'expression de l'essence même de la condition humaine, livrée en quelques dizaines de pages d’une force et d’une éloquence inouïes, révélant le génie et la grandeur de son auteur.
« « O jeune fille, jette-toi encore dans l’eau
pour que j’aie une seconde fois la chance de nous sauver tous les
deux ! » Une seconde fois, hein, quelle imprudence ! Supposez,
cher maître, qu’on nous prenne au mot ? Il faudrait s’exécuter.
Brr… ! l’eau est si froide ! Mais rassurons-nous ! Il est trop
tard, maintenant, il sera toujours trop tard. Heureusement ! »
Ne chercher aucun "sens" à sa vie mais seulement la vivre en l'accomplissant, rien de plus, tout en étant conscient tout de même de son... absurdité !
La conscience ne s'éveille-t-elle qu'avec la souffrance ?
On pourrait le croire, selon Dostoïevsky ou Camus... et les Evangiles !
Féodor, Albert : deux maîtres aux yeux grands ouverts sur la conscience.
Merci pour tes si belles notes qui donnent à réfléchir. Biz :-)
Rédigé par : Wil | 04/01/2010 à 18:21